LES COMMUNAUTES VIRTUELLES


Dans ce texte nous allons analyser les communautés électroniques ou "virtuelles" qui se forment dans les réseaux informatiques; une des plusieurs facettes de ce qu'aujourd'hui l'on appelle la "cyberculture". On va essayer de montrer qu'à cette effervescence communautaire correspond un "vitalisme" social paradoxalement ancré dans le coeur de la technique. Ce "vitalisme" fait que la "cyberculture" ne soit pas une "culture de la cybernétique", comme l'on pouvait le croire. Au contraire, elle est anarchique, activiste, mythique, violente et érotique, l'antipode de ce qui serait une culture "contrôlée" ou "pilotée" par "Big Brother".

La cyberculture, par ses diverses ramifications (cyberpunks, cybersexe, cyberespace), imprègne la vie quotidienne comme un reflet de notre société qui devient de plus en plus liée aux enjeux de la communication et des machines informatiques. Cette "contre-culture technologique" est d'actualité médiatique et les "cyberpunks" ont été même à la une du Times magazine en février 1993. Par cyberculture on comprend l'ensemble d'attitudes (appropriation, détournement, activisme), nés à partir du mariage entre les technologies informatiques et les médias de communication. Cet ensemble d'attitudes est produit d'un mouvement socioculturel pour apprivoiser et "humaniser" les nouvelles technologies. Selon mon hypothèse, elle est l'expression culturelle de la rencontre entre la "socialité post moderne" et les nouvelles technologies basées sur la micro-électronique.

SCENE 1.

Il vient juste d'appuyer son doigt sur le bouton.

Entre le concret du "hardware" et la métaphysique du "software" s'introduit le silence, l'attente. La machine prend quelques secondes pour démarrer en établissant un "temps mort". Bred était pourtant, à la recherche du "temps réel". Il attend, en fabricant des nouvelles actions, des nouveaux plans. Il faut qu'il s'en sorte, son délai va bientôt expirer.

Dans ces toutes petites secondes, il se souvient du temps perdu avant qu'il ait eu le courage de prendre une décision; même si c'était la mauvaise, puisque ce qu'il regrette maintenant, c'est d'en n'avoir pas pris aucune. Les images, les souvenirs fleurissaient et le temps glissait dans l'éternité. La surface grise et limpide de l'écran était pour lui un trou noir, un pôle d'attraction total. Pour Bred l'écran était ce qu'une vague est pour un surfeur: l'espace du tout possible, du moment limite entre l'équilibre et la chute, entre le plaisir et la douleur. C'est par cette porte-là qu'il rencontrait, depuis toujours, ses proches, sa communauté.

Il glissait symboliquement dans l'écran d'ordinateur, car il était toujours coincé physiquement. Son sentiment à lui c'était comme s'il avait perdu son corps. Il se volatilisait, en se bagarrant contre le poids du réel. Sa vie dépendait, plus que jamais, des réseaux informatiques.

Il savait que d'ici à peu la machine allait "parler". La surface grise de l'écran se remplirait de signes virtuels. La "caverne" allait bientôt produire des ombres. De plus, cet écran va devenir la frontière pour des nouvelles élaborations et des nouvelles communications. Bred allait se métamorphoser, porter le masque de la "persona" et "rencontrer" des gens dont il n'a jamais vu la face réelle, mais qui étaient pour lui comme sa famille, sa tribu, sa communauté.

Frontière de la frontière, limite de la limite, il passait subjectivement de la surface au-dedans, de l'extérieur à l'intérieur. L'écran était fluide comme une "inter-face", comme point et rite de passage entre sa subjectivité et l'objectivité de la machine. Une nouvelle théâtralité allait bientôt prendre forme: la théâtralité électronique et virtuelle. Pour lui, l'écran était une angoissante frontière théâtrale: la frontière du cyberespace.

Le signal aigu -biiip- le réveille de ses pensées et le ramène à la "réalité". Bred tape quelques commandes et se branche sur le NET, le réseau mondial d'information. Il plonge dans le virtuel. Le travail doit être bien fait et le plus vite possible. Il n'avait plus de temps à perdre. Soudain, il trouva quelque chose qui attire son attention...

ZAP.

SCENE 2.

"Aujourd'hui sera mon grand jour" , songe Yasmine.

Elle prend le taxi qui l'emmène à l'aérodrome de la ville avec un sentiment de peur, de joie et d'excitation. Elle allait effectuer sont premier saut en parachute. Ce rêve la poursuivait depuis son adolescence. Pendant le trajet entre sa maison et le lieu de la "chute" tant rêvée, elle se concentre, se replie sur elle-même, et revoit sa vie. Le temps se concentre. Le taxi arrive et ce n'est qu'à ce moment là qu'elle se rend compte d'avoir parcouru 50 kilomètres dans une voiture. L'espace aussi s'était concentré.

Elle échange quelques mots avec les membres de l'équipage et monte dans l'appareil, un vieux B52. L'avion prend l'altitude scientifiquement étudiée pour l'optimisation du saut. Elle observe le ciel par la fenêtre, comme on observe une image dans un écran d'ordinateur; elle dégustait des milliers d'informations (les couleurs, les textures, les mouvements des nuages) avec un regard extérieur, lointain. Yasmine comprend à ce moment que, d'ici à peu, tout va changer: de l'observation extérieure et passive, limitée par la fenêtre de l'avion elle va plonger dans le ciel, dans l'image qu'elle était en train de regarder.

Elle saute. Ses sensations, alors corporelles, lui rappellent qu'elle vient de rompre radicalement avec la frontière/fenêtre. Yasmine hésite et veut revenir en arrière. Trop tard! Elle tombe et le ciel qu'elle connaissait avant n'a plus rien à voir avec celui où elle est maintenant. Il n'est plus distant et au-dessus de sa tête, il n'est plus une image, mais une réalité concrète, en contact direct et cruel avec son corps. Yasmine y immerge et se laisse aller. Un énorme vide l'envahit. Elle tombe toujours et interagi avec son poids, avec le vent, la lumière et les nuages, avec la terre, avec ses rêves et ses peurs.

LE CYBERESPACE.

Les deux scènes cherchent à montrer les deux modes d'existence du cyberespace, les réseaux informatiques et la réalité virtuelle . La réalité virtuelle proportionne une "immersion corporelle" (comme l'image du saut de Yasmine), alors que les réseaux de communication, comme Internet par exemple, se caractérisent (au moins jusqu'aujourd'hui) par des "immersions subjectives" (comme l'écran de Bred).

On ne peut pas parler de communautés virtuelles sans comprendre le concept de cyberespace. Le mot a été créé par l'écrivant cyberpunk William Gibson pour définir l'"hallucination consensuelle" de la "Matrix" (la matrice) d'information. Le cyberespace est le "non-espace" ("l'u-topie") dans lequel circulent les informations, formé structurellement par les réseaux de télécommunication et particulièrement par les réseaux informatiques .

Le cyberespace, comme le point oméga de T. de Chardin, est une "noosphère", une couche abstraite et invisible dans laquelle circulent des images, des sons, des textes et des "masques", comme des spectres et des fantômes . Cette "noosphère" est en voie de globalisation planétaire et en train de devenir un espace social, un véritable "lieu" de partage.

On associe aussi le cyberespace à la "réalité virtuelle" . Même si le potentiel pour la formation communautaire de "clones" dans les mondes virtuels est grand, son utilisation en grande escale est encore restreinte . Les designers et architectes du cyberespace cherchent aujourd'hui à répondre à des questions qui relèvent plus de la philosophie et de la sociologie que de l'informatique elle-même. Par exemple: comme sera la vie dans un monde artificiel?, quelles entités doivent y habiter?, quel sera le statut de l'individu dans un monde où on choisit la(les) représentation(s) de soi?, comment se constitueront les rapports entre les participants dans ce monde? quel éthique, moral ou justice ira-t-on construire? La tâche est véritablement lourde dans cet exercice vers une "sociologie du virtuel" .

Le cyberespace comme "espace" de l'information est aujourd'hui une réalité. Même si la concrétisation de la "Matrix" de Gibson est encore dans le terrain de la science-fiction, plusieurs projets dans ce sens, et même influencés pour l'univers cyberpunk de Gibson, sont en train de se réaliser . On ne peut pas, dans ce texte développer toutes les particularités du cyberespace. Ainsi on va analyser rapidement la première connotation du mot cyberespace, les réseaux informatique que nous connaissons aujourd'hui (scène 1), puis de la réalité virtuelle (scène 2), pour essayer d'aboutir à comprendre les communautés électroniques.

Dans notre première scène du cyberespace, Bred appartient à une des milliers des communautés électroniques qui existent aujourd'hui sur les réseaux informatique. Sa vie y est directement liée. Comme lui, plusieurs millions de gens sont, à ce moment même, en train d'expérimenter cette forme d'appartenance à distance et médiatisée artificiellement, soit à travers les réseaux informatiques comme Internet, soit à travers les Bulletins Boards (BBS's), soit à travers un Minitel. Bred vit dans les réseaux informatiques. Il est comme Case, le personnage central de Neuromancer, un "cow-boy" de l'univers micro-électronique.

Dans la réalité virtuelle, le cyberespace est alors plus radical car il est un "hyper-lieu", un "hyperespace", un simulacre du réel où nous plongeons dans une forme d'immersion "concrète", avec la stimulation de nos sensations corporelles. L'univers informatique prend ici la forme d'un "monde", avec des objets et entités qui cherchent à donner des sensations, c'est à dire, à donner l'impression que nous sommes "réellement" dans un autre monde sans connexion apparente avec notre "réalité". L'immersion de Yasmine dans le ciel, qui dépasse la frontière de la fenêtre de l'avion, est la vision même du dépassement de l'écran/frontière de l'ordinateur et de l'insertion dans un monde de synthèse. Cependant, l'idée de communauté pour des systèmes de réalité virtuelle, reste dans le terrain du possible. Ces systèmes sont en phase de projet sans aucune expérience concrète et de large échelle.

LES COMMUNAUTES VIRTUELLES.

Il y a plusieurs exemples de communautés électroniques virtuelles. Toute a commencé avec les premiers "Bulletin Board Systems"("BBSs") à la fin des années 70. Le "BBS" est un "tableau de bord électronique" où les participants peuvent lire et laisser des messages d'intérêt général ou privé. Les "BBS"s sont la première maison pour les "tribus informatiques". Avec un modem, un ordinateur bon marché et une ligne téléphonique, on peut créer cet espace informatique. Dans un "BBS" on peut participer aux groupes thématiques (éclaircir les doutes d'un problème, préparer une "manife" ou même échanger des recettes culinaires). Aujourd'hui les BBSs prolifèrent partout dans le monde dont le plus important aspect est l'"immense potentiel pour la participation" .

Le développement des réseaux informatiques à grande vitesse a donné des possibilités pour la création des nouvelles communautés . Comme affirme James Cappio "un monde câblé offre la possibilité d'une communication multi-directionnelle, permettant aux individus les plus éloignes d'être liés collectivement" . Le réseau USENET/INTERNET, par exemple, est l'équivalent à un grand réseau de "conversation" mondial où il y a plus de 4000 groupes thématiques (les "newsgroupe").

Accueillis par les réseaux informatiques, les communautés virtuelles (les "online communities") se constituent selon Hakim Bey comme "zone d'autonomie temporaire"(ZAT) . Ces communautés sont présentes dans plusieurs pays: serveurs Minitel et "RTC Alternatifs" en France, Well en Californie, TWICS à Tokyo, Club Dog à Londres, Hacktick au Pays Bas, Chaos Computer Club à Hambourg, les "newsgroupe" sur le réseau planétaire Usenet, pour ne citer que les plus connus . Comme une "ZAT", ces communautés agissent de façon libre et chaotique, avec des normes et règles collectivement établies, avec des jargons et des détournements du langage . L'activisme politique a été particulièrement présent dans la tentative de coup d'Etat à Moscou, le massacre de Tiananmen en Chine ou la guerre du Golf. Par les réseaux informatiques, les informations circulaient plus rapidement et plus librement qui par les médias traditionnels.

On est en train de voir le développement d'un "écosystème" auto-organisant, informationnel et communautaire dans le nerf de l'infrastructure technique de communication. Comme affirme Goldwin, la particularité du cyberespace est la "forte perception communautaire" . Pourtant, le déroulement des enjeux politico-économiques de construction des "autoroutes informatiques" sera déterminant pour la survie de cet écosystème informatique.

Pour comprendre l'existence des "communautés électroniques" ou "virtuelles", il faut d'abord essayer de rendre compte du concept même de communauté. Au sens moderne, l'idée de communauté est liée au contrat, à l'institutionnalisation, à la fonction productive et à une positivité utopique . Pour comprendre les communautés virtuelles on a besoin d'un nouveau paradigme. Dans ces communautés, il est clair, l'appartenance s'étend vers une nouvelle forme qui, sans se substituer au face-à-face physique, peut être vécu à distance, comme sorte de "télé-appartenance". Comme nous explique Walser et Gullichsen, les enjeux psychosociologiques sont immenses:

"'more than any mechanism yet invented, it (cyberespace) will change what human perceive themselves to be, at a very fundamental and personal level. In cyberspace, there is no need to move about it in a body like the one you possess in phisical reality.(...) Imagine a costume party at which you adopt not merely a new set of clothes, but a new body, a new voice, and-in a very fundamental and literal sense-a new identity. Now imagine that you do this not only at a party, but every day, as an integral part of your life. Who, then, are you?"

Il n'est plus question d'une "l'exclusivité engagée" mais des "inclusions éphémères", multiples, où "l'acteur" peut "naviguer" d'un groupe à l'autre car le projet commun, comprît dans la modernité comme l'engagement politique, laisse la place à des intérêts ponctuels et communs, ancré sur la sympathie et le plaisir esthétique, ayant son épuisement dans l'action quotidienne. De même, les notions de territorialité et de voisinage se détachent des contraintes de la géographie et des frontières nationales, pour devenir une "territorialité symbolique" libre des conditions physiques (corps) et sociales (classe).

Ainsi, l'institutionnalisation se transforme en tribalisme, le contrat en objectifs ponctuels, la positivité en non-finalité et l'utopie en quotidien le plus urgent. En analysant les caractéristiques qui définissent une communauté on voit aujourd'hui un glissement vers ce que M. Maffesoli appelle la "culture du sentiment" car l'idée moderne de communauté est dépassée (même s'il existe et existera toujours de communautés de type moderne).

Le paradigme des communautés électroniques ou virtuelles pourrait être le suivant: ces communautés se forment comme des "tribus électroniques" (avec leurs rites et mythes, mélangeant les sources primitives aux "sauces" des nouvelles technologies). Elles mettent l'accent sur la dimension du présent, sur l'épuisement dans l'action quotidienne et se sont constituées par des intérêts communs qui dépassent le contrat et la positivité utopique. La notion de territoire n'est plus restreinte à la géographie et aux frontières des Etats Nation, mais symbolique et interplanétaire.

Les communautés virtuelles, issues des progrès de la micro-électronique et d'une socialité "esthétique", favorisent des nouvelles formes de rassemblements. La technologie n'est pas imperméable à la culture, bien au contraire, c'est le vitalisme de la culture contemporaine qui embrasse aujourd'hui la technologie. Ainsi, comme une sorte de "coincidencia oppositorum" (Maffesoli), la rationalité technique, en faisant partie de la culture, laisse ouverte des portes pour lesquelles la vie peut s'exprimer. Cela favorise, dans les réalisations techniques de cette rationalité, l'émergence de son contraire, à savoir; le retour du mythique, du religieux, de l'aventure et du jeu. Les nouvelles technologies favorisent alors la tactilité et l'appropriation quotidienne de la technique aussi bien que l'appropriation technique du quotidien.

Pour reprendre notre démarche initiale, on garde une perspective "vitaliste" pour comprendre les nouveaux rapports entre les techniques et la vie sociale. L'opposition entre la culture et la technique n'est plus soutenable . Elle est résultat d'une prise de perspective erronée, qui consiste à couper, à séparer et à réduire. Cette démarche analytique exclue la technique de l'univers de la culture car le phénomène technique formerait un système fermé, autonome, progressif et auto régénérateur, totalement indépendante vis-à-vis des autres champs de l'activité humaine.

Cette opposition a permis une polarisation: d'un côté ceux pour qui la technique représente l'espoir utopique dans la rationalisation de la vie sociale, dans le progrès et dans l'histoire et; de l'autre côté, ceux qui insistent dans l'identification de la technique comme l'ennemi public numéro un, comme l'étranger, comme l'incarnation la plus fidèle du rationalisme instrumental et déshumanisant. La critique de la modernité a pris, d'ailleurs, cette voie. Pourtant, cette coupure se situe dans les paradigmes mêmes de la modernité. Or, on analyse la technique et l'on critique la modernité avec ses propres instruments et dans cette voie, on nie et on réhabilite, à la fois, la modernité qu'on présuppose critiquer. La modernité tout entière a été vécue dans cette polarisation du phénomène technique.

Simmel a bien montré que les formes de la culture une fois établies ont la tendance à se cristalliser et à investir dans la permanence temporelle. Pourtant, la vie dans son dynamisme féroce désorganise ces formes cristallisées en créant des nouvelles configurations. On peut partir de l'hypothèse que l'activité technique obéit à ce même processus. Elle est oeuvre de la culture et, en recherchant la stabilité de ses propres forme, elle devient vulnérable aux actions de la vie. Si l'on retire la technique du champ de la culture, on ne voit plus les actions de la vie, et on ne prend en compte que le "système technicien" comme un système isolé.

Certains courants de la critique de la technique moderne ont bien montré les dangers "philosophico-culturels" et "socio-économiques" de la fascination aveugle pour les techniques. Cependant ce qui échappe à cette "critique" c'est la considération de la vie elle-même, car on oublie souvent, les désorganisations subtiles, microscopiques qui obligent les anciennes formes à se réorganiser. La technique n'est pas, et d'ailleurs elle ne l'a jamais été, protégée des désorganisations de la vie. Ce qu'on appelle aujourd'hui de "cyberculture" est un exemple fort évident de cette vie qui se veut présente, qui essaye de perturber, désorganiser et, d'une autre façon, réorganiser le désert rationnel, objectif et froid de la technique. Dans la critique moderne, la technologie et la science auraient le pouvoir de créer un monde complètement isolé de la culture, un "système", une forteresse où la vie n'aurait jamais les clés pour entrer. Or, les dynamiques de la société contemporaine nous obligent à trouver d'autres regards et prendre d'autres chemins.

Ce "vitalisme" est fort présent dans la prolifération de ce que j'appelle les "communautés du cyberespace" (mais aussi dans les jeux électroniques, le cybersexe, le techno-anarchisme...). Le "système technicien", ici illustré l'infrastructure des réseaux de télécommunication (efficace et rationnel), est bousculé par une socialité tribale, éphémère et esthétique. On voit que l'élan communautaire ne disparaît ni par l'existence des nouveaux outils de communication, ni par la distance physique, ni par son caractère éphémère. La force relativement anarchique du développement des "lieux de partage" dans les réseaux informatique, nous semble un souffle vital qui reconduit, réorganise et restructure les actuels enjeux politiques et économiques de la communication contemporaine. La vie réapparaît malgré la "désertification" dû au monde de la technique. Pourtant, il faut être attentif et trouver un juste milieu entre le pessimisme d'un académisme qui isole et coupe et l'optimisme hystérique qui ne voit que des merveilles. Pour le bonheur des uns et pour le crainte des autres, on est en train de vivre l'expérience de la "communauté monde".

André L.M. Lemos é doutor em sociologia pela Sorbonne, professor e pesquisador do Programa de Pòs-Graduação em Comunicação e Cultura Contemporâneas da Faculdade de Comunicação (FACOM), UFBA/CNPq. E-mail: lemos@svn.com.br